Accueil > Art - Les principales publications > Articles > MEISSONIER Ernest Jean Louis (1815 – 1891) Le génie pictural au service de (...)
MEISSONIER Ernest Jean Louis (1815 – 1891) Le génie pictural au service de l’Histoire

Peintre spécialisé dans les tableaux historiques mettant en scène des faits d’armes militaires, peintre de genre, portraitiste, sculpteur et graveur, Ernest Meissonier, naît à Lyon le 21 février 1815. En 1818, Sa famille s’installe à Paris où son père fait le commerce de teintures textiles importées et tient un magasin dans le quartier du Marais. Sa mère décède en 1825 alors qu’il n’a que 10 ans. Son père l’envoie alors pendant deux ans à Grenoble, chez les austères M. et Mme Ferriot. Il fait sa scolarité dans différents établissements scolaires, mais déjà il n’a qu’une idée : être artiste. Son père, qui veut faire de lui un commerçant, n’approuve pas cette attirance pour les arts. Mais devant son obstination il finira par lui donner son aval pour se lancer dans une carrière artistique.

Un dragon de Louis XV en vedette

Ernest Meissonier commence alors à fréquenter l’atelier de Léon Cogniet et il est présent lorsque celui-ci met au point la peinture d’un plafond du Louvre représentant l’Expédition d’Egypte. Ce travail de reconstitution historique est son premier contact avec la peinture de faits militaires. Mais, il ne fait que de brefs passage à l’atelier de Cogniet, préférant se former seul au Louvre où il se rend tous les jours pour recopier les tableaux des grands maîtres.

Le dragon

Parallèlement, il gagne sa vie en dessinant, avec Louis-Joseph Trimolet et Auguste Steinheil (dont il épousera la sœur en 1838), des images pieuses, des calendriers et des éventails pour les marchands de la rue Saint-Jacques à Paris.

En 1834, il fait un séjour à Rome pour se perfectionner. Il commence à se faire connaître par ses vignettes illustrant des d’ouvrages et il s’impose rapidement comme un illustrateur de talent. Il va notamment illustrer deux publications de Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie et La chaumière indienne. Il fera aussi partie des illustrateurs d’Honoré de Balzac avec cinq dessins pour la Comédie humaine : La Maison du chat-qui-pelote, Le Bal de Sceaux, La Bourse, La Femme abandonnée, La Femme de trente ans. Pour la réalisation de chaque petite miniature, il se livre à travail de documentation très précis, passant des journées entières à la bibliothèque nationale.

Napoléon suivi de ses maréchaux durant la campagne de France en 1814

Le Poète, huile sur bois, 1859

A partir des années 1840, il abandonne progressivement l’illustration au profit de la peinture de petit format travaillée de manière très minutieuse et soigneusement documentée. Elle se situe dans la lignée de ses vignettes et lui emprunte certains sujets. Ces travaux lui font découvrir les costumes du XVIIIème siècle

Le joueur de flûte

dont il va désormais vêtir les personnages de ses scènes de genre : Les Joueurs d’échecs ; Le Liseur ; Un poète ; Les Amateurs de peinture… Les œuvres de ses débuts sont des scènes de la vie quotidienne : joueurs de cartes, joueurs de boules, garçon de courses, homme attendant à sa fenêtre, fumeur… Il expose pour la première fois au Salon de 1834 et, devient rapidement un peintre très renommé.

Le liseur blanc

En 1859, éclate la guerre avec l’Autriche. Napoléon III part en Lombardie à la tête d’une armée pour défendre ses alliés piémontais. Meissonier, qui a obtenu de l’Empereur d’être attaché à l’état-major, suit les troupes pendant la campagne d’Italie. Son but est de peindre les épisodes marquants de cette guerre. En fait, il n’en rapporte aucune toile et il faudra toute l’insistance de Napoléon III pour qu’il entreprenne de peindre Napoléon III à Solferino. La toile est exposée au Salon de 1864 et elle remporte un grand succès. La critique vante l’harmonie, la beauté et la perfection de la composition, ainsi que la pertinence des couleurs.

Gentilhomme frisant sa moustache

En 1864, il peint Campagne de France, 1814 , premier tableau d’un cycle resté inachevé des conquêtes napoléoniennes. Cette peinture, qui lui vaudra un immense succès, est une huile sur bois, d’une dimension de 51,5 x 76,5 cm, un petit format assez inhabituel pour une peinture d’histoire militaire. Mais, malgré les dimensions réduites, le tableau reflète l’intensité de la scène dans l’immensité de la plaine recouverte de neige. Les plus petits détails sont travaillés avec un grand souci de l’exactitude et de la vérité. On remarque ainsi la barbe naissante de Napoléon, les veines sur les jambes des chevaux, le rendu du tissu des habits de soldats … Ce soin extrême apporté à tous les éléments constitutifs de ses tableaux a fait dire à Charles Blanc, directeur de l’Ecole des Beaux-Arts, parlant de Meissonier qu’il "peint grandement en petit".

A la gloire des combattants durant le siège de Paris

Dès la fin de la guerre de 1870, Ernest Meissonier jette sur la toile l’ébauche d’un tableau immortalisant Le siège de Paris en 1871. Mais il ne reprendra ce tableau que bien plus tard pour le terminer, en 1884. Sa représentation est une allégorie adossée à la réalité historique : La figure de Paris, qui a les traits de madame Meissonier, apparaît couverte d’un voile noir et d’une peau de lion, devant un drapeau tricolore en lambeaux.

Le cheval de l’ordonnance

Elle se dresse sur les ruines d’une barricade au milieu des morts, des blessés et des survivants affamés. Avec le réalisme minutieux qui le caractérise, Meissonier décrit chaque visage, chaque détail vestimentaire, et chaque petite scène de cet ensemble dramatique : l’agonie du peintre Henri Regnault, tué à l’âge de 27 ans en janvier 1871, les soldats encore valides qui poursuivent le combat, un vieil homme qui cherche son fils parmi les cadavres, une femme qui pleure sur le corps de son époux...

Ordonnances à cheval

Dragon à cheval du 2èm Régiment portant le manteau en bandoulière

Peintre de très grande réputation de son vivant, surtout pour ses scènes militaires, Meissonier est tombé dans l’oubli après sa mort. Pourtant, ses peintures comptent sans doute parmi les plus chères qui se soient vendues au XIXème siècle. Après sa mort, on découvrira qu’il a également pratiqué durant toute sa carrière une remarquable activité de sculpteur. Certaines de ses petites sculptures modelées dans la cire seront alors éditées par Siot-Decauville. Il s’agit de modèles équestres qui lui servaient de préparation pour ses scènes picturales. C’est pourquoi ces petites sculptures possèdent la même facture minutieuse que les toiles. Elles ont vraisemblablement commencées à être sculptées après la campagne d’Italie de Napoléon III, car leur thème est surtout militaire.

Le Palais des Tuileries après les combats.

Très ouvragées, ces petites statuettes, traduisent une parfaite connaissance du cheval et un exceptionnel souci du détail : Officier de l’Empire dans la tourmente ; Napoléon 1er à cheval pendant la retraite de Russie ; Héraut de Murcie à cheval ; Le cuirassier à cheval ; Le hussard à cheval ; Le cosaque ; Le voyageur ; Cheval au repos ;

Le peintre et ses admirateurs

Cheval blessé ; Cheval de trompette ; Cheval galopant ; Cavalier ; Le Tsar Nicolas II à cheval… La plus connue de ces statuettes est celle intitulée Le voyageur. Le modèle en cire, tissu et cuir, est conservé au Musée d’Orsay. Il mesure 48 cm de haut. Selon les sources, le cavalier représente Napoléon 1er ou le Maréchal Ney. La statuette le montre penché sur l’encolure de son cheval, luttant contre le vent. Meissonier a poussé le souci du détail jusqu’à utiliser du tissu pour l’habit du cavalier et du cuir pour le harnachement du cheval. Plusieurs des peintures de Meissonier, exécutées entre 1879 et 1885, reproduisent ce voyageur. Parlant de ses modèles sculptés, il a raconté qu’il prenait grand plaisir au modelage, pour lequel il utilisait presque exclusivement la cire : « C’est une ivresse immédiate de créateur [...] Vous n’avez pas idée à quel point ce travail de maquette est attrayant et passionnant... ».

Jeune homme écrivant, huile sur bois

Le vin du curé

En 1889, Ernest Meissonier, qui est membre de l’Institut depuis 1861, est élu président du Jury International des Beaux-Arts. L’année suivante, contesté lors d’une réunion relative au jury de l’Exposition Universelle de 1899, il entraîne derrière lui Puvis de Chavannes, Rodin, Bracquemond, Dalou, Carrier-Belleuse et Carolus-Duran pour fonder le noyau d’une nouvelle Société Nationale des Beaux-Arts. Il en devient le Président, et Dalou vice-président. Cette société va organiser des expositions annuelles au Salon du Champ-de-Mars, traditionnellement une quinzaine de jours après l’officiel Salon des Champs-Élysées, de la Société des Artistes Français. A sa mort, l’année suivante, le 21 janvier 1891 à Paris, Puvis de Chavannes lui succède et Rodin prend la vice-présidence.

La barricade, rue de la Mortellerie,juin 1848, dit aussi souvenir de la guerre civile, salon 1851 1852
Napoléon III entouré du Grand Etat-major

Question d’ART - édition GUS’ARTS novembre 2011 - www.gusarts.com

meissonier_ernest_jean_louis

Les Grands Maîtres de l’Art
Peintres, sculpteurs, photograhes.
Edition d’Art- La Gazette des Arts-2013

Découvrez les différents ouvrages de la collection J.C. Hachet.

Plan du site | Espace privé | dpx