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DELACROIX Eugène (1798 -1863)

Eugène DELACROIX

Eugène Delacroix naît le 26 avril 1798 à Charenton Saint-Maurice, près de Paris. A l’Etat civil, il est le quatrième enfant de Charles Delacroix, haut fonctionnaire, et de Victoire OEben, descendante d’une famille d’ébénistes renommée. Dans la réalité, Charles Delacroix souffrait depuis une quinzaine d’années d’une maladie qui l’avait rendu stérile et il semble que le véritable père d’Eugène Delacroix soit en fait Talleyrand. Ce dernier, proche de la famille Delacroix, sera de façon constante l’un des protecteurs de l’artiste, il facilitera des transactions de ses œuvres et il lui fera obtenir d’importantes commandes publiques.

Eugène Delacroix passe une partie de son enfance à Marseille. En 1806 son père meurt. Sa mère vient s’installer à Paris où elle inscrit son jeune fils au Lycée Impérial (aujourd’hui Lycée Louis Le Grand). Il s’y lie d’amitié avec Achille Piron, son futur biographe. Déjà son talent pour le dessin commence à s’affirmer. Son oncle le peintre Henri-François Riesener, demi-frère de sa mère, le recommande au peintre académique Pierre-Narcisse Guérin, ancien élève de David. Dans l’atelier du maître, Eugène Delacroix fait son apprentissage du dessin et de la peinture et rencontre Géricault qu’il admire beaucoup et dont l’influence est manifeste dans Dante et Virgile aux enfers (1822) son premier envoi au Salon. Géricault le prendra comme modèle pour l’un des naufragés de son Radeau de la Méduse.

Dante et Virgile aux enfers dit aussi la Barque de Dante, 1822, Salon de 1822

C’est à cette époque qu’il commence la rédaction de son Journal : « Je mets à exécution le projet formé tant de fois d’écrire un journal. […] Ce que je désire le plus vivement, c’est ne pas perdre de vue que je l’écris pour moi seul ; je serai donc vrai, je l’espère ; j’en deviendrai meilleur. Ce papier me reprochera mes variations. Je le commence dans d’heureuses dispositions. », écrit-il en septembre 1822. Considéré comme l’un des écrits les plus importants de l’histoire de l’art, ce Journal sera publié pour la première fois en 1893, trente ans exactement après la mort de l’artiste. Depuis, il a été à plusieurs reprises réédité. Ecrit avec beaucoup de finesse, il contient des éléments essentiels à la compréhension de l’œuvre de Delacroix et donne une vision clairvoyante de la société de son temps.

Femmes d’Alger dans leur appartement, 1834, Salon de 1834

En 1824, Delacroix peint Le Massacre de Scio dont le sujet lui est fourni en avril 1822 par l’un des épisodes les plus célèbres de la guerre d’indépendance grecque, le massacre de la population de l’île de Chios (ou Scio) par les turcs. Ce grand tableau, qui associe le tragique de l’actualité et l’attrait de l’Orient, est exposé au Salon de 1824. Il va désigner Delacroix comme le chef de file de la jeune génération romantique.

Scènes de massacres de Scio ; Familles grecques attendant la mort ou l’esclavagees

En 1825, il décide de passer trois mois en Angleterre pour étudier la peinture de Constable et comprendre sa technique. A cette époque, il fait porter sa recherche sur la couleur. Il peint La Mort de Sardanapal, tableau très coloré, mais en même temps classique et d’une solennité académique. La scène qu’il représente raconte l’épisode dramatique de la mort de ce roi assyrien légendaire dont la capitale est assiégée sans aucun espoir de délivrance et qui décide de se suicider en compagnie de ses esclaves et de ses favorites, après avoir brûlé sa ville. Le tableau est exposé au Salon de 1827 et Delacroix en donne les clés en ces termes : « Les révoltés l’assiégèrent dans son palais... Couché sur un lit superbe, au sommet d’un immense bûcher, Sardanapale donne l’ordre à ses esclaves et aux officiers du palais d’égorger ses femmes, ses pages, jusqu’à ses chevaux et ses chiens favoris ; aucun des objets qui avaient servi à ses plaisirs ne devait lui survivre. »

Le 25 juillet, la liberté guidant le peuple

En juillet 1830 a lieu la Révolution des Trois Glorieuses. Delacroix est enrôlé dans la Garde Nationale mais il participe peu à ces journées. Dans une lettre à son neveu Charles de Verninac, fils de sa sœur, il écrit : « Que dis-tu de ces événements ? N’est-ce pas le siècle des choses incroyables […] Nous avons été, pendant trois jours au milieu de la mitraille et des coups de fusil, car on se battait partout. » Ces événements vont lui inspirer une allégorie de la liberté et de la révolte du peuple, La Liberté guidant le peuple où il joue sur un registre patriotique en restreignant volontairement sa palette de couleur. Cette œuvre imposante, d’une grande vitalité, relate l’union du peuple des faubourgs et de la bourgeoisie révolutionnaire. Delacroix est décoré de la Légion d’honneur.

Deux ans plus tard, en 1832, il accompagne le comte de Mornay, envoyé spécial de Louis-Philippe auprès du sultan Moulay Abd el-Rahman durant un long voyage au Maroc et en Algérie. Il admire la beauté des paysages et la magnificence de la lumière et de la couleur. Il rencontre des gens simples et authentiques, et il découvre la sensualité et le mystère des intérieurs orientaux. Il va en rapporter des livrets de croquis et d’aquarelles qu’il exploitera ensuite pendant longtemps dans son atelier parisien. A Alger, il a l’opportunité de visiter le harem d’un corsaire turc. Très impressionné par cet univers étrange et fascinant, à la tonalité sensuelle et érotique, il peint Femmes d’Alger dans leur appartement, chef-d’œuvre qui véhicule des sensations intenses, en particulier une lascivité impossible à concevoir en Occident. Renoir dira qu’« il n’y a pas de plus beau tableau au monde », et Baudelaire s’extasiera devant « ce petit poème d’intérieur, plein de repos et de silence, encombré de riches étoffes et de brimborions de toilette ». Ce tableau est exposé au Salon de 1834.

Après son voyage en Afrique du Nord, le répertoire esthétique d’Eugène Delacroix s’enrichit de motifs nouveaux qui vont devenir récurrents dans son œuvre. Il s’éloigne des sujets tirés de la mythologie et de la littérature pour se tourner vers la représentation de sujets orientaux. A son retour en France, grâce à la protection de Thiers, il obtient d’importantes commandes officielles pour la décoration de bâtiments publics. Ainsi, de 1838 à 1847, il décore le Salon du Roi du Palais-Bourbon. Il travaille aussi à la décoration du Palais du Luxembourg entre1840 et 1846 et à celle du plafond central de la Galerie d’Apollon au Louvre ainsi qu’à la Chapelle des Saints Anges de Saint-Sulpice. C’est à cette époque qu’il rencontre George Sand avec laquelle il entretient une amitié amoureuse.

Combat de chevaliers dans la campagne2eme quart du 19eme siècle.

Etude de deux tigres dit aussi Jeune tigre jouant avec sa mère, 1830, Salon de 1831

En 1842, Delacroix tombe gravement malade. Il a des crises aiguës de laryngite. C’est le début d’une longue maladie qui va lui ronger la gorge et dont il mourra en 1863. Malgré sa mauvaise santé, il mène de front quatre chantiers : la Chambre des députés, la Chambre des pairs, l’église Saint-Denis du Saint-Sacrement et l’hôtel Lambert. En mai 1844, il achève la Pietà de Saint-Denis du Saint-Sacrement. L’année suivante, il expose au Salon Muley Abd er-Rahman, sultan du Maroc, sortant de son palais de Méquinez, entouré de sa garde et de ses principaux officiers.

Le Nauvrage de Don Juan, Salon de 1841

En 1851, Delacroix est élu conseiller municipal de Paris, fonction qu’il occupera pendant 10 ans. Sa santé l’oblige parfois à restreindre ses activités. En 1855, il s’atèle à la préparation d’une rétrospective de son œuvre dans le cadre de l’Exposition universelle. Pour cette occasion, il peint une toile intitulée La chasse aux lions qui remporte un très grand succès. Baudelaire écrit alors : « Que sera M. Delacroix pour la postérité ? Que dira de lui cette redresseuse de torts ? Il est déjà facile, au point de sa carrière où il est parvenu, de l’affirmer sans trouver trop de contradicteurs. Elle dira, comme nous, qu’il fut un accord unique de facultés les plus étonnantes ; qu’il eut comme Rembrandt le sens de l’intimité et la magie profonde, l’esprit de combinaison et de décoration comme Rubens et Le Brun, la couleur féerique comme Véronèse, etc. ; mais qu’il eut aussi une qualité sui generis, indéfinissable et définissant la partie mélancolique et ardente du siècle, quelque chose de tout à fait nouveau, qui a fait de lui un artiste unique sans générateur, sans précédent, probablement sans successeur, un anneau si précieux qu’il n’en est point de rechange, et qu’en le supprimant, si une pareille chose était possible, on supprimerait un monde d’idées et de sensations, on ferait une lacune trop grande dans la chaîne historique. »

Prise de Constantinople par les croisés(1é avril 1204) dit ausi entrée des croisés à Constantinople, 1840, Salon de 1841
Mort de Sardanapale, Salon de 1827

Le 14 novembre 1855, Delacroix est fait Commandeur de la Légion d’honneur. De nouveau très malade, il fait une cure à Plombières en 1856. L’année suivante, après sept échecs successifs, il est enfin élu à l’Institut. Mais la maladie lui donne peu de répit. 1959 sera la dernière année de sa participation au Salon. Il envoie 8 peintures. La critique se montre dure à son égard, lui reprochant des tableaux pas suffisamment aboutis.

Au début de l’année 1863, son état de santé se dégrade énormément. L’hiver à été pour lui très éprouvant. Il souffre de nombreuses crises pulmonaires. Il meurt le 13 août à 7 heures du soir. Il sera enterré au cimetière du Père-Lachaise, salués par les jeunes peintres qui reconnaissent en lui un génie authentique.

delacroix

Question d’ART - édition GUS’ARTS mars 2011 - www.gusarts.com

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